Le chocolat et la reine

Le chocolat entra en France en même temps qu’Anne d’Autriche, fille du roi d’Espagne, à la suite de son mariage avec Louis XIII, en 1615. La nouvelle reine de France arriva avec une armada de servantes espagnoles maîtrisant parfaitement l’art de préparer le chocolat. Il fit de nombreux adeptes à la cour. La rareté du produit le rendait attractif aux yeux des nobles. Très vite, on lui attribua des vertus apaisantes. Le frère du cardinal de Richelieu disait qu’il permettait « de lutter contre la colère et la mauvaise humeur ». La reconnaissance des vertus anti-dépressives du chocolat ne date donc pas d’hier !
En 1659, Louis XIV accordait à David Chaillou le « privilège exclusif de vendre et de débiter une certaine composition qui se nomme chocolat » pour 29 ans. Le premier chocolatier de France s’établit rue de l’Arbre-Sec, et rapidement, les riches clients affluèrent. Mais ce fut le mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche, une autre princesse espagnole, qui marqua un tournant dans la destinée du chocolat. La nouvelle reine en consommait à longueur de journée, noir, avec de la cannelle et des épices. Ses appartements sentaient le chocolat. A Versailles, on murmurait à son sujet : « Le roi et le chocolat sont ses deux seules passions ! » Mais laissons-la s’exprimer elle-même : « Le ciel ne m’a pas donné une apparence digne de rivaliser avec Mesdames de Maintenon ou La Vallière. On me jugeait de joli visage, quoique peu séduisante. Le roi n’était pas attiré par mes jambes courtes et mes dents devenues noires à force de manger trop de chocolat – C’est d’ailleurs grâce à moi que ce dernier a été importé en France pour ses vertus apaisantes. »
Elle fut en effet une excellente ambassadrice du chocolat. Le roi y prit goût et en fit servir aux réceptions de Versailles. Des figures éminentes du temps en firent leurs délices : Ninon de Lenclos, Madame de Maintenon, Madame de Sévigné… Il devint à la mode. Les médecins s’y intéressèrent aussi, et nombre de traités, thèses et textes médicaux se consacrèrent au sujet. Cependant, le chocolat suscitait également la méfiance. Beaucoup redoutaient ce produit exotique et le rejetaient, pensant qu’il pouvait causer des maladies. Il venait des pays de « sauvages », il était donc dangereux…
Le chocolat resta longtemps un produit luxueux, réservé aux gens bien nés mais ignoré du peuple. C’est au XVIIIe siècle que son usage se répandit. Il était de bon ton pour les courtisans de se presser pour être admis « au chocolat de Son Altesse Royale » (le régent Philippe d’Orléans). Louis XV fut un grand amateur de chocolat et il le préparait lui-même.
Voltaire, dans ses dernières années, consommait « depuis 5h du matin jusqu’à 3h de l’après-midi, pas autre chose qu’une douzaine de tasses de chocolat mélangé de café ». Plus tard, comme ce fut le cas pour le thé, la Révolution freina la consommation de chocolat en France. Il fallut attendre 1824 pour voir apparaître une industrie du chocolat, avec la fondation de la chocolaterie Menier à Noisiel-sur-Marne par Antoine Brutus Menier. La première chocolaterie mondiale à l’échelle industrielle était née. Menier fut suivi par des industriels suisses comme Suchard, Lindt, Tobler (qui inventa le chocolat au lait)…
Et depuis 15 ans, le chocolat est célébré chaque année lors d’un salon, réunissant les plus grands chocolatiers du monde.

Auteur de l’article : L'auteur

Je suis Lova. J'ai créé Joli Goûter en 2012 parce que j'adore le thé, le tea time et tout ce qui se rapporte à la gourmandise (pâtisserie, cake design, bonne cuisine). J'aime découvrir de nouvelles adresses et les partager. J'apprécie tout ce qui flatte aussi bien les papilles que les pupilles ! Ainsi que l'art de vivre qui y correspond.