Une tradition antique puis chrétienne
Au printemps, saison de l’éclosion de la nature, les Égyptiens et les Perses teignaient des œufs et les offraient pour symboliser le renouveau de la vie. Chez les Gaulois, les druides peignaient les œufs en rouge en l’honneur du soleil. Dans les rituels païens anglo-saxons, on offrait des œufs colorés à la déesse Eostre. Plusieurs cultures païennes disposaient des œufs dans les tombes ou les sépultures pour demander la renaissance de la personne décédée. Pour les Juifs, l’œuf est le symbole de la vie mais aussi de la mort. A Pessa’h, les Juifs trempent un œuf dans de l’eau salée en souvenir de toutes les larmes versées suite à la perte de leur indépendance. Pour les chrétiens, Pâques célèbre la résurrection du Christ. Comme elle a lieu au printemps, le symbolisme de l’œuf y a pris une place importante. C’est vers le IVe siècle que la coutume d’offrir des œufs le matin de Pâques est apparue en Europe. Elle se retrouva en Egypte autour du XIe siècle, puis en France, en Alsace, vers le XVe siècle.
Les œufs de Pâques dans les cours royales
Les œufs de Fabergé
En 1885, la princesse Dagmar de Danemark, devenue Maria Feodorovna, épouse du tsar Alexandre III, parla à son mari de cet œuf en or massif qu’elle avait vu au château de Rosemborg. Le tsar, enthousiaste, en commanda un identique à l’orfèvre de la cour impériale, Peter Carl Fabergé (1846-1920). Dès lors, tous les ans à Pâques, Fabergé inventa un nouvel œuf, de plus en sophistiqué, et l’offrit à sa souveraine. La tradition perdura lors du règne suivant. Le tsar Nicolas II, couronné en 1896, offrait de somptueux œufs de Fabergé à sa mère et à son épouse, qui étaient de véritables joyaux.
Avec le temps, la collection d’œufs des Romanov a été dispersée. Une dizaine de ces œufs de Fabergé sont au Kremlin, deux autres appartiennent à la reine Elizabeth II et 12 autres ont été achetés par Malcom Forbes, éditeur et écrivain américain. Lorsque certaines de ces œuvres exceptionnelles sont vendues aux enchères, elles atteignent des prix vertigineux : la dernière vente remonte à 1994, quand Christie’s adjugea le Winter Egg pour 3,5 millions de livres.
Les œufs de Pâques de nos jours
En Italie, on fait bénir les œufs de Pâques que l’on place au centre de la table familiale. Les œufs de Pâques russes et ukrainiens sont de véritables œuvres d’art, aux motifs et aux couleurs symboliques et géométriques, avec des représentations chrétiennes comme la croix, le Christ lui-même. Chez les Orthodoxes, on s’échange les œufs, on frappe les œufs peints en rouge sur l’œuf de son voisin pour savoir lequel se brisera le premier.
En Occident, une chasse aux œufs s’organise le matin de Pâques. Selon la tradition, en revenant de Rome, les cloches qui se sont tues depuis le jeudi Saint au soir, reviennent dans la nuit et répandent dans les jardins, œufs, cloches, cocottes et autres gourmandises.
Chez les Allemands, en Alsace, en Suisse et en Autriche, c’est un lièvre qui apporte les œufs de Pâques. Là-bas, il n’y a ni cloches ni poules mais beaucoup de lapins sous toutes les formes possibles et imaginables. Le lapin étant un symbole de fécondité. En Thuringe, le lièvre est remplacé par une cigogne, en Westphalie, un renard, au Tyrol, une poule.
Quant à la coutume d’offrir des œufs ou des lapins en chocolat, elle est 100% d’origine commerciale.
Crédit 1ere photo : Donar Reiskoffer via Wikimedia Commons
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