On fabriquait des tablettes, des dragées, des liqueurs de café. Beau succès pour une boisson qui prit naissance en Arabie, lorsqu’un pauvre berger vit un jour avec inquiétude ses chèvres devenir folles après avoir croqué les petites baies rouges d’un arbuste peu connu.
Il en parla au prieur d’un couvent voisin qui en fit absorber une décoction à ses moines et fut très surpris de les voir demeurer éveillés pendant les offices, contrairement à leur habitude. Le café était né. D’Arabie, il gagna la Turquie et débarqua à Marseille, où il coûtait d’ailleurs très cher, quarante sous la livre. »
Extrait de l’ouvrage A la table des rois de Marie-Blanche de Broglie, page 142 (éditions Le Pré aux Clercs)
C’est ainsi qu’ils utilisèrent la cuisine comme symbole et instrument de leur pouvoir, puis l’élevèrent au rang d’art et d’art de vivre. Les repas de Louis XIV étaient de véritables festins, car il fallait montrer que le souverain était en bonne santé puisqu’il avait de l’appétit, et que le royaume était prospère puisque les repas étaient si riches et si abondants.
En matière de goût, les rois et les reines donnaient le ton. Tout ce que le roi aimait était jugé bon. Ce sont eux qui rendirent certains produits populaires (thé, café, chocolat, etc.) et en firent découvrir de nouveaux (comme la pomme de terre avec Louis XVI). C’est également à la Cour que se développa l’art de recevoir et l’art de la table ; un bon repas ne suffisait pas, il fallait aussi l’agrémenter d’une conversation agréable, spirituelle. Comme Montesquieu le dira, en France, contrairement aux autres pays, on ne mange pas, on dîne.
C’est après la Révolution, au XIXe siècle, quand les grands cuisiniers, dépourvus d’emplois, quittèrent les offices des princes pour les cuisines des bourgeois que la gastronomie se développa véritablement et connut son apogée. Elle se démocratisa et acquit ses lettres de noblesse. Ce siècle fut aussi marqué par la vogue des restaurants et des traiteurs.
Tous les grands noms de la gastronomie naquirent à cette époque : Dalloyau, Fauchon, Hédiard, Ladurée… et plus tard, Lenôtre.
L’ouvrage de Marie-Blanche de Broglie contient également des recettes, dont certaines ont été créées par des rois, des reines et des grands seigneurs. Nombre d’entre eux furent de fins gourmets, aimant s’adonner à la cuisine. C’est le genre de livres qui montrent bien que la culture est inséparable de l’Histoire et que s’intéresser à l’une oblige tôt ou tard à s’intéresser à l’autre. Comme dirait Pierre Gaxotte : « La cuisine n’est pas un mauvais observatoire pour regarder la Grande Histoire. »
Huile sur toile de Ivana Kobilca (1861-1926), Musée national de Ljubljana
Je suis Lova. J’ai créé Joli Goûter en 2012 parce que j’adore le thé, le tea time et tout ce qui se rapporte à la gourmandise (pâtisserie, cake design, bonne cuisine). J’aime découvrir de nouvelles adresses et les partager. J’apprécie tout ce qui flatte aussi bien les papilles que les pupilles ! Ainsi que l’art de vivre qui y correspond.